6.5/10Les Annales du Disque-Monde - Tome 18 - Masquarade

/ Critique - écrit par nazonfly, le 22/01/2010
Notre verdict : 6.5/10 - Masque en rade (Fiche technique)

Voilà Mémé Ciredutemps et Nounou Ogg à l'Opéra. Planquez les enfants et les personnes sensibles ! Et surtout planquez le fantôme qui ne va pas tarder à être débusqué.

Elles sont trois*. Comme les doigts de la main. Comme les Trois Mousquetaires. Ou comme les Parques. Plutôt bonne cette comparaison. Elles sont donc trois dans le lointain royaume de Lancre, Magrat Goussedail, Nounou Ogg et Mémé Ciredutemps, la jeune fille, la mère... et euh... vous savez, celle qui vous lance des regards torves si vous faites mal, celle qui vous assourdit de conseils et qui a, la plupart du temps, raison. On pourrait l'appeler, tiens, la vieille bique. Ca collerait parfaitement. Or, depuis peu (relire Mécompte de fées et Nobliaux et sorcières), Magrat est devenue reine. Même si elle n'a apparemment pas encore consommé son mariage, elle en a sûrement vu le menu : difficile de toujours la considérer comme une jeune fille. Un triumvirat de sorcières est comme un tabouret : s'il manque un pied, il est moins que bancal.

Perdita et les plaisir de la chère

Il est temps de trouver une nouvelle jeune fille. Or, dans le royaume de Lancre, les filles qui se font courser par les garçons ont souvent tendance à chuter lamentablement et à se faire rattraper facilement. Heureusement il y a Agnès Créttine. Le genre de fille dont on évoque poliment le physique en assurant qu'elle a un bon caractère. Et de beaux cheveux. Et une poitrine de huit hectares. Mais Perdita, comme elle se fait appeler, a d'autres ambitions : le chant, et plus particulièrement l'opéra, l'attire. Ah, si elle pouvait chanter Cosi fan Hita ou Die Meistersinger von Scrote... Avec sa voix d'or, l'audition ne peut qu'être un succès, et là voilà donc sous les feux de la rampe. Ou plutôt tout derrière, le siècle de la Roussette n'est pas propice aux personnes au physique un gras, sauf si c'est un homme mais ce n'est pas pareil. Il est grand temps pour Nounou et Mémé de s'en mêler et de se rendre à Ankh-Morpork. D'autant plus qu'une certaine sorcière de Lancre s'amuse à d'étranges recettes de cuisine, comme la bouille-à-baise ou la soupe surprise à la bananane, regroupées dans le best-seller Les plaisirs de la chère.

Points d'exclamation pour un fantôme

Après une épique chevauchée en diligence, les sorcières débarquent comme un cheveu dans une soupe à l'opéra mais elles sont, comme toujours, au bon endroit au bon moment. Car figurez-vous qu'un fantôme sévit à l'opéra. Le genre de fantôme à qui on réserve une loge. Le genre de fantôme avec une figure de mort, une grande cape noire et une figure blanche sans yeux mais avec deux trous à la place ! Le genre de fantôme autour duquel se multiplient les accidents !! Le genre de fantôme qui encourage les points d'exclamation !!! Le fantôme de l'opéra !!!! Au fil de ses Annales Du Disque Monde, et plus précisément du cycle des Sorcières (La huitième fille, Mécompte de fées), Terry Pratchett explore le monde des mythes et des légendes. Un moment ou à un autre, ses pas devaient forcément croiser ceux d'un des mythes modernes les plus connus, celui du Fantôme de l'Opéra. Pour rappel, il s'agit au départ d'un roman, inspiré de faits réels, écrit par Gaston Leroux. En parodiant ce roman, et ses nombreuses adaptations, Pratchett parodie en réalité le monde du spectacle et son évolution. Ainsi le talent d'une chanteuse lyrique ne suffit plus, il faut que son physique suive les canons de l'époque. L'art s'efface derrière les pratiques bassement marchandes : ainsi le propriétaire de l'Opéra d'Ankh-Morpork n'est autre qu'un ancien homme d'affaires ayant fait fortune dans le fromage.

 

Si la parodie est finement vue (comme par exemple le personnage de Christine), que l'enquête pour découvrir qui est réellement ce fantôme, ce volume des Annales du Disque Monde semble, pour une fois, bien peu doté en humour.

 

* Oui cette accroche a déjà été utilisée pour Trois soeurcières, c'était pour voir si vous suiviez.