9/10Les Annales du Disque-Monde - Tome 1 - La huitième couleur

/ Critique - écrit par nazonfly, le 04/09/2009
Notre verdict : 9/10 - Bouillon majique (Fiche technique)

Premier tome d'une longue série, La huitième couleur nous permet de faire connaissance avec le célèbre Maje Rincevent, Deuxfleurs et son fabuleux Bagage. Embarquez !

Le Disque-Monde est un monde. C'est une chose acquise. Et on n'en ferait pas tout un monde s'il n'était justement en forme de disque. Un disque supporté par quatre éléphants aux noms charmants de Bérilia, Tubul, Ti-Phon l'Immense et Jérakine. Quatre éléphants eux-mêmes juchés sur une tortue géante à la carapace criblée de cratères et répondant au doux nom d'A'Tuin. Au centre de ce monde, le Moyeu, aiguille de glace verte de 15 km de haut, sur lequel vivent les dieux étranges du Disque-Monde : Io l'Aveugle aux yeux dispersés ici et là, le Destin, la Dame ou encore le Hasard. De l'autre côté - car dans le Disque-Monde, il n'y a que deux directions, vers le Moyeu ou vers le Bord - de l'autre côté donc, c'est le Bord d'où les mers se jettent dans l'univers, inlassablement et sans répit. L'écume au soleil irise le ciel d'un arc-en-ciel à huit couleurs. Huit couleurs ? Oui. Car le Disque-Monde est un monde magique et les rayons soleils qui croisent un champ magique puissant créent, comme chacun le sait, l'octarine, la Huitième Couleur. Ca tombe plutôt puisque c'est le titre de cette première plongée dans l'univers délirant de Terry Pratchett et de son Disque-Monde. L'occasion de faire la connaissance d'une belle bande de gai-lurons.

Maje et Bagage

Commençons par le plus célèbre d'entre eux. Rincevent. Mage de son état. Enfin il aurait pu être mage si, par un malheureux concours de circonstances, il ne s'était retrouvé habité par un Sortilège et incapable de mémoriser d'autres sorts. Son autre caractéristique est bien sûr un courage à toute épreuve qui lui permet de fuir rapidement les lieux à problèmes et de berner ainsi la Mort. La Mort justement, parlons-en. De façon plutôt classique, il (car la Mort est indubitablement un homme) est habillé d'une sobre cape noire et muni d'une faux, tout ce qu'il y a de plus tranchant. Sa détestable manie d'être terriblement terre-à-terre et de penser boulot à tous moments ne le rend pas plus aimable. Bref tout le contraire du fameux Deuxfleurs, premier touriste connu sur le Disque-Monde. Ex-vendeur d'hache-sueur-rance, vêtu d'une culotte coupée aux genoux et d'une chemise aux couleurs incompatibles, il voit le monde avec les yeux (quatre en l'occurrence) de l'innocent pour qui un démon ferait un bien beau souvenir photo. Heureusement qu'il est accompagné du Bagage. Petit et fait de bois, il ressemblerait presque à une malle de voyage, s'il ne lui prenait, à l'occasion, l'envie de courir sur ses centaines de petites jambes, de mordre les passants ou de les avaler sans qu'on sache bien où ceux-ci atterrissent. Enfin le tableau ne serait sans doute pas complet sans Ankh-Morpork, l'une des principales villes du Disque-Monde. En tout cas, elle est connue sur le Disque entier comme étant la plus puante et la plus dégoûtante ville. Mais aussi l'une des plus animées, le soir, quand les honnêtes citoyens sont couchés et que se lèvent les voleurs, meurtriers et autres personnages sympathiques.

D'Ankh à Morpork

C'est d'ailleurs à Ankh-Morpork que débute cette histoire. Pour la première fois depuis que le monde est monde, excusez-moi, depuis que le disque est disque, la ville reçoit la visite... d'un touriste, le fameux Deuxfleurs suscité. Attiré par cette ville légendaire à défaut d'être merveilleuse, il vient d'un lointain pays où l'or coule à flot. Ce qui n'est pas franchement une bonne chose à montrer dans la ville gluante. Deuxfleurs se retrouve bien vite dans une gargote mal famée d'où il réussira à se sauver grâce à l'aide de Rincevent. Le mage deviendra alors son guide pour un voyage (ou une fuite, les avis divergent sur ce point) qui les conduira du temple effrayant de Bel-Shamharoth au Bord du Disque, tout en croisant des dryades, des dragons à moitié invisibles.

Mais ce serait déflorer l'histoire que s'appesantir plus longuement sur la Huitième couleur, premier livre des Annales du Disque-Monde, un monde tout simplement hilarant, porté par la plume vive et ironique de Terry Pratchett, jamais en retard d'un bon mot ou d'un jeu de mot foireux (et porté par une traduction plutôt bien sentie). La Huitième couleur vous fera sourire constamment, rire souvent sans pour autant abandonner l'Aventure. Tout juste indispensable.