7.5/10Alice au pays des merveilles - Collection Blackberry

/ Critique - écrit par athanagor, le 05/04/2010
Notre verdict : 7.5/10 - Read me (Fiche technique)

Tags : alice pays princesse merveilles soleil sara moretti

Dans la foulée de la sortie du tant attendu Alice de Tim Burton, nombre d'éditeurs s'emparent du texte original pour en proposer leurs versions. En voilà une.

Première intervention de la maison Soleil en guise de réaction à la sortie du nouveau Tim Burton, ce livre présente la solution la plus humble et la plus acceptable. En effet, et c'est pourquoi il est ainsi classé sur le site, cet ouvrage n'est ni plus ni moins que l'intégralité du texte original, traduit par Martine Céleste Desoille et illustré par François Amoretti, comme il est coutume de le faire pour les livres pour enfants.

Ainsi, si ce n'est quelques erreurs dans l'agencement typographique, il sera très difficile de trouver ici de quoi revenir avec hargne sur la qualité finale, qui, tout bien considéré, est plutôt bonne. Ce livre, sans nécessairement être déclaré comme tel, s'envisage aisément comme un ouvrage à destination des plus jeunes, fait de pages épaisses et d'une taille de police assez large.
 On pourra donc sans problème en faire son premier livre, à caler entre ses genoux, bien au chaud dans son lit avant d'aller faire un gros dodo. Ce même gros dodo sera alors peuplé des personnages loufoques qui envahissent cette histoire, auxquels le trait de François Amoretti aura su donner un corps et une apparence. Ces illustrations simples et ludiques accompagnent avec une certaine fraîcheur le texte, en proposant une représentation des moments visuellement intéressants, pour lesquels la seule lecture peut parfois laisser, à certains âges, dans une totale incompréhension. Respectant le rythme d'un dessin à chaque tour de page, certains ne sont que des agréments, des objets issus du récit. D'autres prennent l'ensemble des deux pages pour se mettre plus à l'aise avec la scène en question. Le problème ici, comme souvent dans ce cas de figure, serait que les illustrations en double page ne sont parfois pas très raccord avec ce qu'on vient juste de lire, se rapportant plus à ce qui était en haut à gauche de la page précédente. Cela, toujours en fonction de l'âge du lecteur, peut s'avérer problématique. Mais répétons-le, ce livre n'est pas ouvertement destiné aux seuls lecteurs en culottes courtes, et semble même vouloir s'adresser aux deux publics. En cela, Amoretti respecte une sorte de stricte neutralité. Grâce à un trait faisant preuve d'une réelle innovation, il emploie les codes éternels qui définissent les personnages et parvient à les rendre à la fois plus enfantin et plus adultes. En fonction de là où se porte le regard et de l'interprétation des scènes présentées, nécessairement différente à chaque âge, chacun pourra y voir une intention particulière.

Au niveau littéraire, le texte est donc celui de toujours, traduit par Martine Céleste Desoille, pour cette occasion. Sur une reprise intégral du texte, elle a cherché à « recréer » la version française, ce qui ne peut s'envisager autrement face aux chansonnettes populaires détournées, qui ne sont pas populaires en France ; ainsi que les jeux de mots, dont la traduction littérale laisse toujours perplexe. Insistant sur le côté de l'éducation victorienne de la jeune fille, elle privilégie le vouvoiement à son égard, donnant ainsi une familiarité à ce monde étrange où certaines conventions du monde réel perdurent. Pour terminer, sa contribution la plus visible restera le nom de la chatte d'Alice, baptisée Dînette, plus proche de l'idée de gourmandise qui se dégage en anglais du nom Dinah. En complément, une courte introduction sur la genèse de l'ouvrage et le caractère de son auteur, s'avère, malgré sa modeste dimension, fort édifiante, agrémentée qu'elle est du poème d'ouverture du livre, en version originale.

Destiné à tous les publics, ce livre reste malgré tout, par son allure et son format, un ouvrage plus en phase avec de jeunes lecteurs. Et il ne faut pas s'en plaindre, car de cette nature double, cet ouvrage rentre dans la catégorie des premiers livres dont on est fier, et qui se peut contempler comme un objet beau et abouti, loin des couvertures flashy et des dessins grotesques qui ornent le plus souvent les livres destinés aux enfants, qui eux, aimeraient bien ne plus l'être.