5/10A la recherche de la Mandragore : Le druidisme pour les nuls

/ Critique - écrit par athanagor, le 17/02/2011
Notre verdict : 5/10 - Plantage ? (Fiche technique)

Tags : pour plantes druidisme magie livre pascal druide

A mi-chemin entre l’aventure initiatique et le recueil de recettes phytothérapeutiques, ce beau gros livre de 160 pages laisse surtout l’impression désagréable d’avoir parcouru un dictionnaire.

Difficile de classer cet ouvrage. Si tout le monde s’accordera à dire qu’il s’agit de ce qu’on désigne habituellement par le terme « beau livre », le consensus s’arrêtera là. Lorsqu’on voudra, au-delà, déterminer une classification précise, le résultat ne sera au mieux qu’incertain. L’histoire est celle d’Arthmaëla, apprentie druide dont les représentations nous font penser qu’elle est d’origine elfique (les oreilles pointues, ça ne trompe pas), et qui cherche à valider son Master de druidisme, sous l’autorité de son directeur de recherche, le grand druide Ananxis. Celui-ci l’envoie faire un stage en forêt de Brocéliande pour rechercher la mandragore, but d’une quête qui déterminera alors l’ordre des chapitres, chacun étant centré sur une nouvelle région ou peuplade.
DR.
À chaque fois, l’occasion sera donnée d’apprendre les secrets locaux, qu’il s’agisse d’incantations ou d’utilisation des plantes. Ce périple, qui s’apparente au tour de France des artisans, construira au final un guide, qu’on pourra croire exhaustif, du druidisme, des principes alchimiques, des créatures de la forêt de Brocéliande, des plantes qui soignent et des prières qui entourent le tout, avec pourtant une intention clairement narrative, mais tristement sous-développée.

Pour instructif que l’ouvrage soit, il dévoile assez rapidement ses limites littéraires. Le rythme choisi est peu ou prou toujours le même, à savoir que les chapitres commencent par un petit texte qui nous explique qu’Arthmaëla arrive dans un nouvel endroit où il existe tel peuple qui utilise telle plante ou tel caillou. Puis on a droit entre dix et quinze pages de recettes de cuisine et de culture alchimique ou druidique en rapport avec cette plante et ce caillou, dans un style descriptif, à la limite du cours magistral, où alternent des fiches techniques et des incantations. On termine le chapitre par un nouveau texte nous expliquant qu’Arthmaëla s’en va heureuse d’avoir appris tout ça, que ça lui servira sûrement quand elle aura bu trop de jus de hêtre, mais qu’en attendant elle va aller faire un tour du côté du chapitre suivant. Victime d’une certaine lassitude on décide alors, au bout du cinquième chapitre, de faire l’impasse sur tous ces éléments de science mystique et naturelle dont on ne se souviendra jamais, faisant du même coup, et incidemment, une croix sur les 4/5e de l’ouvrage, pour se concentrer sur la quête et les textes qui la décrivent. Et là, on est assez vite déçu.
DR.
Débarrassé du poids des explications, on est face à un corpus pas très bien écrit ni très clair, qui ne laissera en tête qu’un vague souvenir de ce qui s’y est passé. Même la confrontation avec Morgane, voulue et annoncée comme point d’orgue du récit, ne saura pas tirer avantage de l’attente suscitée, et restera aussi morne que le reste. Il faudra alors croire que le premier intérêt de l’ouvrage était de constituer un manuel des rites et recettes magiques traditionnelles de Bretagne, un grimoire moderne. Considérant cela, pour peu qu’on puisse en juger, c’est réussi. Mais était-il nécessaire de l’accompagner d’une histoire écrite sans réelle envie ?

Cependant, si tout ce qui touche à la narration s’avère très moyen, on trouvera beaucoup de charme aux nombreuses illustrations de Brucero, dont l’imagination et le style constituent de fait l’intérêt principal de l’ouvrage. Devant ce maelström d’informations disparates et difficiles à suivre, sinon à mémoriser, le trait s’impose comme seule unité cohérente de ce livre, fil conducteur qui pousse le lecteur à vouloir malgré tout en compulser l’ensemble. Il est pourtant fort à parier que ledit lecteur finira sa première lecture sans avoir vu naître l’envie d’y revenir, si ce n’est pour retrouver les vertus de telle ou telle plante, usage pour lequel, répétons-le, ce livre semble parfait.